Comment s’effectue la rééducation post AVC ?

La prise en charge immédiate et secondaire du patient cérébro-lése depend du type d’accident vasculaire cérébral (avc) identifié par irm au préalable. Dans 80% des cas, l’avc est dû à une artère du cerveau qui se bouche, on parle d’infarctus cérébral. Dans 20% des cas, l’avc est dû a la rupture d’un vaisseau dans le cerveau, on parle alors d’hémorragie cérébrale.
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Comment s’effectue la rééducation post AVC ?

« Après un AVC et l’apparition d’une lésion focale, même si le tissu nerveux sous-jacent meurt, il y a des chances de récupération grâce à la plasticité cérébrale qui se met en place. Grâce à des techniques de neuroimagerie par résonance magnétique (IRM) en statique (observation des lésions) ou en dynamique (suivi de l’activation des différentes régions du cerveau lors d’un mouvement), nous étudions dans quelle proportion les différents processus de plasticité cérébrale se mettent en place chez chaque patient : il peut y avoir une prise en charge de la fonction perdue par les tissus environnants, une participation à la commande d’un mouvement par les aires secondaires impliquées dans la programmation d’un mouvement ou encore une prise en charge par les aires controlatérales (l’hémisphère sain, non touché par l’AVC) puisque nous avons 2 hémisphères cérébraux. Par exemple lorsqu’un individu victime d’un AVC serre la main (lorsqu’il peut encore le faire) une zone de son cerveau, différente de celle d’un individu sain, va s’activer. »

Charlotte ROSSO, neurologue spécialisée AVC (service de neurovasculaire, Pitié-Salpêtrière), chercheuse dans l’équipe « Mov’It : Mouvement, Investigations, Thérapeutique. Mouvement normal et anormal : physiopathologie et thérapeutique expérimentale » dirigée par les Prs Marie VIDAILHET et Stéphane LEHERICY à l’Institut du Cerveau.

Les projets de recherche à l’Institut du Cerveau

  • De l’évaluation des séquelles après la phase aigüe jusqu’à la rééducation «en conditions réelles», six soignants, médecins et chercheurs spécialisés de l’Institut du Cerveau, à Paris, vous expliquent les enjeux de la prise en charge complexe post-AVC et les pistes d’avenir pour améliorer la récupération de leurs patients.

Podcast : Open Brain Bar #10 – la rééducation post-AVC

Les différents projets liés à l’AVC

  • L’iCRIN (Infrastructure de recherche clinique) de l’Institut du Cerveau dédiée aux AVC, coordonné par le Pr Charlotte ROSSO, a pour but de développer des collaborations pérennes et efficaces entre les services cliniques de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière et les équipes de recherche de l’Institut.

L’iCRIN est également partie prenante d’un registre national français, porté par l’hôpital Foch à Paris, sur l’ensemble des thrombectomies réalisées afin d’évaluer le bénéfice de cette technique à très grande échelle en conditions réelles. L’objectif de ce recueil de données est d’évaluer le bénéfice de ce traitement invasif dans la récupération des patients.

  • Le projet ATTACK-AVC, mené par le Pr Charlotte ROSSO et Fabrizio DE VICO FALLANI de l’équipe « ARAMIS – Algorithmes, modèles et méthodes pour les images et les signaux du cerveau humain » a pour but de caractériser le profil des patients qui récupèrent d’une attaque cérébrale grâce à des paramètres comme l’Imagerie par Résonnance Magnétique (IRM), et l’ElectroEncéphaloGramme (EEG),
  • Le projet SPAST, conduit par Jean-Charles LAMY et le Pr Charlotte ROSSO est un essai thérapeutique mené en collaboration avec la Start-up PATHMAKER, est en cours pour traiter l’hypertonie (Contractures musculaires involontaires) des muscles des membres inférieurs suite à un AVC afin d’améliorer la marche des patients par stimulation électrique non invasive de la moelle épinière.
  • Le projet GAIN, issu d’un partenariatavec la start-up MINDMAZE incubée à l’Institut du Cerveau, porte sur le développement et l’évaluation de l’effet de la kinésithérapie en réalité augmentée pour la récupération post-AVC. Aujourd’hui, il n’y a pas en France les ressources en kinésithérapie pour délivrer suffisamment de rééducation pour les patients victimes d’AVC. Or, la dose de rééducation est essentielle pour la récupération : plus elle est importante, meilleure sera la récupération. L’objectif est de savoir si la kinésithérapie, réalisée de façon autonome par le patient via une interface de réalité augmentée, produit de bons résultats en termes de récupération et d’identifier quels sont les patients qui en bénéficient le plus grâce à la réalisation d’une cartographie cérébrale.La kinésithérapie en réalité augmentée consiste à faire imaginer au patient qu’il réalise un geste, par exemple lever le bras alors qu’il est physiquement incapable de le réaliser. Les circuits neuronaux sont alors mis en jeu et rééduquer alors même que le geste ne se fait pas physiquement.

Ces trois projets se sont terminés en 2021 et ne recrutent plus de patients. Les analyses sont en cours.

Prédire la récupération de la négligence visuelle après un AVC

  • La rééducation des patients post-AVC par les jeux thérapeutiques – “Voracy Fish”

Dr Marie-Laure WELTER, neurologue et chercheuse dans l’équipe « Neurochirurgie expérimentale », coordinatrice du LabCom Brain e-NOVATION à l’Institut du Cerveau, responsable de l’activité de stimulation cérébrale profonde au sein du Département de Neurologie et co-responsable de la plateforme “Marche/Équilibre/Posture/Mouvement/TMS et neuronavigation chez l’homme” à l’Institut du cerveau.

Ces jeux vidéo thérapeutiques ont pour principe de pouvoir être pratiqués à domicile ou en milieu institutionnel (chez un praticien ou à l’hôpital). Le patient peut jouer seul, avec un membre de sa famille, ou encore en réseau avec d’autres patients. La pratique de ce jeu à distance est monitorée grâce à une plateforme technologique qui permet de recueillir différents paramètres du comportement moteur du patient et leur analyse par des thérapeutes et ainsi de proposer un ajustement du jeu vidéo en fonction de chaque patient et de sa progression. L’idée du “jeu vidéo thérapeutique” a pour objectif à la fois de surmonter les difficultés rencontrées par les patients dans les rééducations plus conventionnelles et de remédier à leur démotivation possible face au côté répétitif et à la difficulté d’accéder au thérapeute en ville. L’intérêt de ce type de traitement innovant qui se veut ludique, est de pouvoir allier les différentes composantes du comportement humain : la motricité avec les mouvements du corps, la cognition avec les enjeux et les objectifs de réussite des différents niveaux du jeu, tout en alliant l’aspect motivationnel et émotionnel avec le côté ludique du dispositif. L’idée de Brain e-NOVATION est d’inscrire ces jeux – qui se veulent complémentaires de la rééducation auprès des praticiens (thérapeutes ou kinésithérapeutes) – dans des essais cliniques afin d’évaluer et de montrer l’efficacité et l’intérêt de ce type de traitement et d’outil, que ce soit pour l’AVC avec Voracy Fish ou pour d’autres types de pathologies. “

“Serious Game” Voracy Fish du LabCom Brain e-NOVATION – partenariat entre l’Institut du Cerveau – ICM et le groupe GENIOUS – Jeu thérapeutique de rééducation fonctionnelle des membres supérieurs en post-AVC © BRAIN e-NOVATION

Les patients cérébrolésés éprouvent des difficultés dans les activités de la vie quotidienne telle que la cuisine par exemple. Dans ce contexte, il est indispensable d’améliorer le transfert de ce qui a été appris en hôpital vers le domicile (transfert des acquis) par l’intermédiaire d’outils proches de la vie quotidienne (outils écologiques).

Le robot BRO a pour objectif de permettre une compensation cognitive des patients cérébrolésés lors de l’activité de cuisine. Il encourage la récupération d’autonomie à l’hôpital lors de séances de cuisine thérapeutiques et permet aux patients de continuer à pratiquer chez eux. Le programme spécifique de BRO permet aux ergothérapeutes de définir la difficulté de la tâche afin de l’adapter au profil cognitif du patient. Ce programme se compose de quatre critères : la mémoire, la prise d’initiative, l’organisation et l’attention qui varient du niveau 1 à 4.
Selon les critères choisi, BRO propose une, deux ou trois consignes simultanées, écrites (et/ ou orales), des rappels, des images et/ou vidéos, des aides adaptées aux consignes.

L’intelligence artificielle au service des patients cérébro-lésés

  • UN NOUVEAU MODÈLE MATHÉMATIQUE DE LA CONNECTIVITÉ CÉRÉBRALE APRÈS UN AVC

Des chercheurs de l’équipe « ARAMIS – algorithmes, modèles et méthodes pour les images et les signaux du cerveau humain » en collaboration avec des cliniciens de l’Université de Padoue (Italie) ont mené un projet sur une cohorte de patients touchés par un AVC ayant passé une IRM fonctionnelle 2 semaines, 3 mois et 1 an après l’AVC.

Pour chaque patient, les chercheurs ont modélisé l’augmentation de l’intensité de connexion dans l’hémisphère cérébral lésé, entre les deux hémisphères, et entre la région lésée et son équivalent dans l’autre hémisphère au cours du temps. Les résultats de la dynamique des réseaux de neurones ont été corrélé aux scores cliniques évaluant la motricité, la vision, le langage, l’attention et la mémoire de chaque patient.

Les résultats de cette étude montre qu’il est possible de prédire de façon fiable la récupération du langage après un AVC et constitue un outil innovant pour identifier des profils de patients susceptibles de mieux répondre à une rééducation. 

Un nouveau modèle mathématique de la connectivité cérébrale après un AVC – Institut du Cerveau (institutducerveau-icm.org)

 

  • UNE PISTE PROMETTEUSE DE RÉEDUCATION COMBINÉE

Des chercheurs et cliniciens de l’équipe « MOV’IT : mouvement, investigations, thérapeutique » ont mené un essai clinique chez 27 patients victimes d’un AVC présentant une perte de motricité fine des mains (dextérité). Les patients ont été traités par une série de stimulations magnétiques transcrâniennes concomitantes du cervelet et du cortex moteur pendant 5 jours et ont suivi un programme de kinésithérapie ciblant les membres supérieurs.

Les résultats de cette essai montrent que la combinaison de ces différents types de rééducation entraine une augmentation de l’activation (évaluée par IRM fonctionnelle) du cortex moteur primaire (région du cerveau à l’origine de la planification, du contrôle et de l’exécution des mouvements volontaires des muscles) dans l’hémisphère lésé ainsi qu’une amélioration significative de la dextérité qui persiste un mois après les séances de rééducation. Les enregistrements des connexions neuronales pendant et après les séances de stimulation ont d’autre part permis de mieux comprendre les mécanismes de cette récupération ce qui va permettre d’adapter ces thérapies pour une récupération optimum.

 

  • DEXTRAIN, UNE START-UP INCUBEE A l’INSTITUT DU CERVEAU DEPUIS DECEMBRE 2021

Dextrain développe de nouveaux outils numériques utilisés à l’hôpital ou à domicile pour l’évaluation et la rééducation de la dextérité manuelle. Les programmes sont adaptables à chaque patient en fonction de ses besoins et de son niveau de performance afin de lui proposer une rééducation continue, adaptée ludique et motivante.

Basé sur des connaissances en neuro-rééducation un panel d’exercices d’entraînement visuo-moteurs et audio-moteurs vise à optimiser la récupération des composants clés de la dextérité et à favoriser la récupération pour contribuer à l’autonomie dans les activités quotidiennes et améliorer la qualité de vie.

Dextrain