LES CAUSES
Il existe également des formes précoces de la maladie qui touche des sujets jeunes entre 50 et 60 ans. A l’heure actuelle en France, le nombre de patients de moins de 60 ans atteints de la maladie d’Alzheimer est estimé à 33000.
Les patients jeunes présentent souvent un tableau clinique différents des sujets âgés avec un déficit cognitif multi-domaine rapide et sévère, avec au premier plan des déficits de mémoire, mais aussi d’attention, de langage, visuo-spatiaux et exécutifs. Par contre, certains patients jeunes se présentent chez leur médecin sans troubles de la mémoire au premier plan. Ils peuvent par exemple avoir principalement des difficultés à trouver leurs mots ou de vision. Ce sont des formes dites focales, des variantes langagière ou visuo-spatiale de la maladie d’Alzheimer.
Il existe des formes familiales de la maladie, héréditaires et causées par des mutations génétiques extrêmement rares qui représentent moins de 1% des cas de maladie d’Alzheimer. Ces formes sont dites ‘autosomiques dominantes’, c’est-à-dire que les mutations sont suffisamment sévères pour déclencher la maladie chez tous les individus porteurs et à un âge le plus souvent assez précoce.
La très large majorité des cas d’Alzheimer sont dits sporadiques. Certains facteurs environnementaux ont aujourd’hui été identifié sans pour autant qu’une relation causale ait été clairement mise en évidence. De même, une prédisposition génétique peut aussi être présente. Cette dernière peut se définir comme une combinaison de variants génétiques, qui confère un plus grand risque de développer la maladie. On considère que celle-ci n’est pas suffisante à elle seule pour que la maladie apparaisse, mais qu’elle constitue un terrain favorable à son développement.
A L’Institut du Cerveau
- LA MALADIE D’ALZHEIMER DU SUJET JEUNE
Le groupe de Lara MIGLIACCO dans l’équipe de Richard Lévy s’intéresse plus particulièrement à la maladie d’Alzheimer chez le sujet jeune ; aux formes dites focales, aussi appelées variante langagière et variante visuo-spatiale de la maladie.
Retrouvez l’interview complète du docteur Lara Migliaccio
- PRÉDIRE LE RISQUE DE DÉVELOPPER LA MALADIE D’ALZHEIMER GRÂCE À DES MARQUEURS GÉNÉTIQUES ?
Bien que la maladie d’Alzheimer ne soit pas héréditaire (sauf dans 1% des cas) il a été montré qu’il existait des facteurs génétiques de prédisposition c’est-à-dire augmentant le risque de développer la maladie. Des études antérieures ont en particulier montré que les personnes portant un allèle particulier du gène APOE, APOEe4, présentaient un risque de 3 à 15 fois supérieur aux non porteurs, mais également que certains patients atteints de maladie d’Alzheimer ne portaient pas cet allèle.
A partir de ces connaissances, l’équipe « Maladie d’Alzheimer, maladies à prions » co-dirigée par Marie-Claude POTIER, chercheuse CNRS à l’Institut du Cerveau, a émis l’hypothèse qu’un score multigénique pourrait être associé à l’apparition future de plaques amyloïdes dans le cerveau, permettant ainsi un ciblage précoce des personnes plus à risque de développer la maladie.
Les résultats de ces travaux montrent une association entre la présence de plaques amyloïdes cérébrales et une combinaison de 17 variants génétiques chez des sujets de plus de 70 ans ne présentant pas de déclin cognitif. Evaluer la charge génétique conférée par ces 17 variants, avant une détection possible des plaques amyloïdes dans le cerveau ou le plasma, permettrait d’identifier très précocement les patients les plus à risque de développer des plaques amyloïdes et de pouvoir ainsi prévenir l’apparition de la maladie grâce à un suivi plus interventionnel.
Pour en savoir plus : Prédire le risque de développer la maladie d’Alzheimer grâce à des marqueurs génétiques ? – Institut du Cerveau (institutducerveau-icm.org)
- IDENTIFICATION DE NOUVEAUX FACTEURS DE RISQUE OU SIGNES PRÉCOCES DE LA MALADIE D’ALZHEIMER
Quels sont les facteurs de risque 15 ans avant les premiers symptômes de la maladie d’Alzheimer ? Cette question est capitale pour les spécialistes de cette maladie neurodégénérative, dont on sait qu’elle met plus de 10 ans à être cliniquement visible, notamment pour améliorer la prévention précoce des patients à risques. Une équipe pluridisciplinaire associant des chercheurs de l’équipe-projet Aramis, menée par Stanley Durrleman (Inria) à l’Institut du Cerveau (lnserm/CNRS/Sorbonne Université), de l’Inserm/Université de Bordeaux et de Cegedim Health Data, a analysé des dossiers de santé anonymisés de près de 80 000 patients.
Il ressort des explorations statistiques effectuées dans les historiques des dossiers médicaux une liste des 10 pathologies les plus fréquemment rencontrées par les patients qui déclareront une maladie d’Alzheimer dans les 15 ans : la dépression figure en tête de liste, suivie par l’anxiété, l’exposition à un stress important, la perte d’audition, la constipation, la spondylarthrose cervicale, les pertes de mémoire, la fatigue (et les malaises), et enfin les chutes et les pertes de poids soudaines.
Il reste maintenant à déterminer si les problèmes de santé rencontrés sont des facteurs de risque ou bien des symptômes ou signes avant-coureurs de la maladie.
Pour en savoir plus : Identification de nouveaux facteurs de risque ou signes précoces de la maladie d’Alzheimer – Institut du Cerveau (institutducerveau-icm.org)
LES MECANISMES BIOLOGIQUES
La maladie se caractérise par deux atteintes cérébrales :
- Les plaques amyloïdes (ou séniles) sont constituées d’agrégats de peptides β-amyloïdes issus du clivage d’un précurseur l’APP (amyloid precursor protein). Dans un cerveau sain, le précurseur est coupée en fragments (peptides) solubles non amyloidogéniques. Au cours de la maladie d’Alzheimer, le précurseur est clivé en peptides β-amyloïdes fortement insolubles qui vont s’accumuler de façon anormale dans le cerveau ;
- Une accumulation de protéines Tau hyper phosphorylées dans les neurones conduit à la formation de dégénérescences neurofibrillaires et à la mort des neurones. Cette protéine en condition normale participe à la stabilité de la structure des neurones
Au sein des lésions, on trouve des cellules immunitaires responsables d’une inflammation, qui apparaît précocement, avant les premiers signes et symptômes de la maladie d’Alzheimer et qui semble jouer un rôle complexe à la fois néfaste par certains aspects et bénéfique par d’autres.
Dans la forme classique du sujet âgé, les dégénérescences neurofibrillaires associées au déclin cognitif touchent d’abord l’hippocampe impliqué dans les processus de mémorisation, puis progressivement le système limbique qui gère les émotions et le cortex commandant la maîtrise de l’espace, le contrôle des gestes, le langage, l’anticipation et la planification des comportements.
La cascade d’événements dans le cerveau des patients atteints de la maladie d’Alzheimer est de mieux en mieux connue mais la complexité des mécanismes biologiques de la maladie laisse encore place à nombreuses questions.
A L’Institut du Cerveau
- LES LIPIDES DANS LA MALADIE D’ALZHEIMER
L’équipe de Marie-Claude Potier et de Stéphane Haïk cherche à comprendre les mécanismes mis en jeu dans la propagation de la maladie d’Alzheimer dans le cerveau et étudier le rôle des lipides dans la maladie afin d’identifier de nouvelles cibles thérapeutiques. Leurs objectifs sont notamment d’étudier les interactions entre le cholestérol et le peptide APP pour moduler la production des agrégats amyloïdes et de caractériser la localisation de leur production.
Pour en savoir plus : Une conférence dédiée à la maladie d’Alzheimer – Institut du Cerveau (institutducerveau-icm.org) (A partir de 11.08 mn)
Cette équipe s’intéresse aux mécanismes de propagation des lésions via les connections neuronales, en particulier à la susceptibilité de certains neurones ainsi que la résilience d’autres neurones.
- LES CONNEXIONS CÉRÉBRALES PERTURBÉES DANS LA MALADIE
Un autre axe de recherche conduit par les équipes d’Olivier Colliot & Stanley Durrleman et de Richard Lévy est d’étudier la modification des connexions cérébrales et des réseaux de neurones dans la maladie d’Alzheimer. Ils ont récemment montré, grâce à des techniques de pointe d’imagerie et d’analyse de réseau, que les altérations des connexions cérébrales sont présentes dès le stade précoce de la maladie.
Pour en savoir plus : https://institutducerveau-icm.org/fr/actualite/comment-la-maladie-dalzheimer-perturbe-les-connexions-cerebrales/