LES SYMPTÔMES ET LE DIAGNOSTIC DE LA MALADIE DE HUNTINGTON

La maladie de Huntington se caractérise par une triade de symptômes : moteurs, psychiatriques et cognitifs. Les symptômes, de même que leur intensité et leur présentation, sont très variables d’un patient à l’autre. Les manifestations cliniques de la maladie apparaissent en général entre 30 et 50 ans, mais la maladie peut s’exprimer à tout âge, dès l’enfance ou à un âge avancé, avant 20 ans dans 10% des cas par exemple. Les symptômes moteurs sont les plus visibles et souvent les premiers identifiés mais des troubles cognitifs ou psychiatriques peuvent déjà être présents. Dans les formes précoces, avant 20 ans, la maladie se manifeste principalement par des troubles du comportement et de l’apprentissage. La maladie de Huntington évolue en moyenne sur une période de 13 à 15 ans après le début des symptômes cliniques, bien que ce chiffre soit très variable d’un patient à l’autre, vers une démence sévère, une incapacité à marcher et à déglutir, et aboutie au décès de la personne.
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LES SYMPTÔMES MOTEURS

Le symptôme moteur le plus connu et le plus visible est la chorée. Il s’agit de mouvements anormaux brusques, saccadés et involontaires d’une ou plusieurs parties corps. Comme pour tous les mouvements involontaires, des facteurs externes comme le stress ou des émotions fortes peuvent aggraver les mouvements choréiques. D’autres symptômes moteurs existent comme des troubles de la posture, de la marche ou de l’équilibre. Les caractéristiques typiques sont une démarche saccadée, un visage grimaçant, une incapacité à bouger volontairement les yeux sans cligner des paupières ou avancer la tête. On observe également des troubles importants de la mastication et de la déglutition dans les formes plus avancées. Ces troubles s’aggravent avec l’évolution de la maladie, jusqu’à l’incapacité à effectuer certains mouvements comme s’habiller, se laver, de se déplacer seul, de se nourrir et même de communiquer, avec un fort retentissement sur l’autonomie des personnes.

LES SYMPTÔMES COGNITIFS

Les atteintes cognitives de la maladie de Huntington sont multiples et touchent plus particulièrement les fonctions exécutives. Les patients présentent des difficultés de raisonnement, de planification, pour réaliser des tâches complexes ou plusieurs tâches en même temps, à organiser ses activités quotidiennes. Des troubles du langage, de la perception visuelle peuvent apparaitre et on observe souvent un ralentissement du traitement de l’information qui se traduit par un allongement du temps de réaction à une stimulation extérieure. Ce déclin cognitif aboutit généralement à une démence sévère dans les stades avancées de la maladie.

LES SYMPTÔMES PSYCHIATRIQUES ET COMPORTEMENTAUX

Les troubles psychiatriques et comportementaux sont très présents dans la maladie de Huntington et précédent souvent les symptômes moteurs. On retrouve le plus souvent de l’anxiété et de la dépression ainsi que l’apathie. Des états psychotiques avec des délires (dans 10% des cas), des hallucinations ou des troubles obsessionnels (plus de 15% des cas) apparentés à la schizophrénie, peuvent exister.

AUTRES SYMPTÔMES

D’autres symptômes peuvent touchés les patients comme des troubles du sommeil, du rythme circadien (les processus biologiques se déroulant sur 24 heures comme le rythme veille-sommeil, la température corporelle ou la production hormonale), ou une perte de poids.

 

LE DIAGNOSTIC DE LA MALADIE DE HUNTINGTON

Le diagnostic clinique de la maladie de Huntington se fait sur la base des symptômes présentés par le patient comme les mouvements anormaux ou les troubles comportementaux, en prenant en compte les antécédents familiaux qui pourraient orienter ce diagnostic. Des examens d’imagerie cérébrale peuvent permettre d’écarter d’autres pathologies aux symptômes similaires.

Le diagnostic clinique de la maladie peut se confirmer par un test génétique qui identifie l’expansion dans le gène de la Huntingtine, réalisé après conseil génétique de la signature d’un consentement éclairé à la restitution des résultats lors d’une consultation génétique.

Ce diagnostic moléculaire est réalisé à partir de l’ADN des cellules sanguines et consiste à quantifier le nombre de répétition de la séquence CAG.

Du fait de sa transmission héréditaire, le test génétique avant l’apparition des symptômes peut être demandé par les  membres de la famille d’une personne atteinte de la maladie de Huntington. Ce test génétique permet aux proches – de savoir s’ils sont ou non porteurs de l’expansion de la maladie et donc s’ils développeront un jour la maladie.

Actuellement, le nombre de personnes porteuses de la mutation du gène de la huntingtine, mais ne présentant pas encore de symptômes, est estimé à 12 000 en France. Ce test est encadré pour permettre à la personne de prendre la décision de faire ou non le test au bon moment. Il se fait dans le cadre d’une consultation pluridisciplinaire associant généticien, neurologue, psychologue, conseillère en génétique et infirmière.

« Lorsque le gène et/ou la mutation responsable sont connus, la famille peut accéder aux tests génétiques ainsi qu’à un conseil spécialisé pour savoir comment la maladie se transmet en son sein. Il y a maintenant 30 ans que nous avons mis en place avec Josué Feingold et Marcela Gargiulo une consultation à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, qui s’adresse à des personnes à risque pour une maladie qu’ils connaissent. Leur parents, grands-parents sont atteints et ils se savent à risque de la développer peut-être un jour. Lorsqu’on peut détecter la variation génétique responsable de la maladie, il se présente un choix : savoir ou ne pas savoir avant que la maladie ne commence. »

Pr Alexandra Durr (AP-HP, Sorbonne Université), médecin généticienne dans l’unité fonctionnelle de génétique clinique, hôpital de la Pitié-Salpêtrière et co-cheffe de l’équipe « Neurogénétique fondamentale et translationnelle » à l’Institut du Cerveau.

Parfois le diagnostic prénatal peut être demandé. Il est réalisé en anticipant  une future grossesse pour détecter la présence de l’expansion chez le fœtus, avant la fin du 3e mois. En cas de résultat défavorable, une interruption médicale de grossesse peut être réalisée. De même, un diagnostic préimplantatoire peut aussi être réalisé. Il consiste à rechercher la présence l’expansion dans des embryons de deux ou trois jours obtenus par fécondation in vitro (avec toutes les limitations dues à cette technique (20% de réussite). Les embryons indemnes peuvent ensuite être implantés.

Le service de Génétique Médicale du CHU Pitié-Salpêtrière est spécialisé dans les maladies héréditaires et propose des consultations, de la période prénatale à l’âge adulte, de diagnostic, de suivi et de conseil génétique (incluant le diagnostic présymptomatique et prénatal), pour les personnes malades et/ou leurs apparentés.

 

A L’INSTITUT DU CERVEAU

L’identification des facteurs qui influencent l’âge d’apparition des symptômes de la maladie et sa progression sont au cœur des recherches de l’Institut du Cerveau.

L’équipe d’Alexandra Durr à l’Institut du Cerveau a conduit et participé à plusieurs études qui ont permis d’identifier des variants génétiques influençant la progression de la maladie de Huntington.

Pour en savoir plus : https://institutducerveau-icm.org/fr/actualite/identification-dun-variant-genetique-influencent-progression-de-maladie-de-huntington/