Les épilepsies symptomatiques
Ces syndromes épileptiques résultent d’une lésion cérébrale diffuse ou locale entrainant une épilepsie généralisée ou partielle. Leurs causes peuvent-être une atteinte cérébrale métabolique, infectieuse ou toxique :
- Une tumeur cérébrale dans 10 à 15% des épilepsies de l’adulte
- Un accident vasculaire cérébral
- Une malformation du cortex cérébral due à un défaut de migration des neurones au cours du développement, la plus fréquente étant la dysplasie corticale focale
- Un traumatisme crânien
- Une infection comme une encéphalite
- Une dose excessive et inhabituelle d’alcool, un sevrage ou un alcoolisme chronique.
- La prise de cocaïne ou d’amphétamines
- Une intoxication au plomb
- La prise de médicaments convulsivants
- Une hypoglycémie (manque de sucre)
- Une hypocalcémie (manque de calcium)
- Une hyponatrémie (manque de sodium)
Les épilepsies idiopathiques
Ces syndromes épileptiques ont une origine génétique et ne sont jamais la conséquence d’une lésion cérébrale. Elles peuvent être focales (partielles) ou généralisées.
Une prédisposition génétique est souvent à l’origine de ces pathologies. On distingue les épilepsies familiales dues à des mutations transmissibles dans des gènes codant principalement pour des canaux ioniques (protéines formant des pores qui laissent passer les ions comme le calcium et le potassium dans le neurone). Ces mouvements d’ions étant à l’origine de l’influx nerveux. Des mutations dans des récepteurs aux neurotransmetteurs ont également été identifiés comme responsables de formes familiales de la maladie.
Interview du Pr Eric LEGUERN, co-chef de l’équipe « Génétique et physiopathologie de l’épilepsie » à l’Institut du Cerveau – ICM
A L’Institut du Cerveau – ICM
L’équipe « génétique et physiopathologie des épilepsies » dirigée par Stéphanie BAULAC & Eric LEGUERN s’intéresse aux épilepsies focales, aux malformations du développement cortical liées à des mutations somatiques, aux encéphalopathies épileptiques et aux épilepsies généralisées génétiques.
L’équipe a identifié le gène DEPDC5 à l’origine d’épilepsie focales héréditaires puis a mis en évidence une mutation de ce même gène causant une malformation cérébrale. Cette équipe a également décrit une mutation du gène FIG4 impliquée dans les épilepsies focales symptomatiques et à une malformation cérébrale.
Pour en savoir plus Des mutations mosaïques « cerveaux-spécifiques » dans des épilepsies focales associées à des malformations cérébrales – Institut du Cerveau (institutducerveau-icm.org)
Très récemment cette même équipe, en collaboration avec l’équipe Jeong Ho Lee en Corée du Sud (Institute of Science and Technology, Daejeon), apporte la preuve de concept qu’il est possible de détecter des mutations à l’origine d’une épilepsie focale en lien avec une malformation corticale, présentes dans quelques cellules du cerveau, grâce à l’ADN circulant dans le liquide céphalo-rachidien. Cette découverte ouvre de nouvelles pistes pour le diagnostic génétique de ces pathologies. Pour en savoir plus Détection de mutations dans le liquide céphalo-rachidien de patients avec épilepsie réfractaire – Institut du Cerveau (institutducerveau-icm.org)
Vidéo de Stéphanie BAULAC, chercheuse et chef d’équipe à l’Institut du Cerveau – ICM
Les mécanismes biologiques de l’épilepsie
Une crise d’épilepsie correspond à une activité électrique anormalement haute d’un ensemble de neurones du cortex cérébral. Le potentiel d’action ou influx nerveux est un message électrique créé par une inversion des charges positives et négatives de part et d’autre de la membrane du neurone, inversion résultant d’un échange d’ions entre la cellule et son environnement (Fig B). Au repos, les charges positives se situent à l’extérieur du neurone (Fig A)
Dans des conditions normales, chaque neurone a pour rôle de recevoir, de traiter et de transmettre le message électrique aux autres neurones via la synapse grâce aux neurotransmetteurs (sphères vertes sur le schéma).
Le neurone ayant transmis le signal électrique entre alors dans une phase de repolarisation c’est-à-dire une ré inversion des charges entre l’extérieur et l’intérieur du neurone, pendant laquelle il est inactivable (FigC).
Dans le cas d’une crise d’épilepsie ; les neurones deviennent hyperexcitables , c’est-à-dire qu’une seule stimulation entraine non pas un potentiel d’action mais une succession, un train de potentiels d’action répétitifs sans période de repos (FigD).
Cette hyperexcitabilité neuronale s’explique dans les épilepsies idiopathiques par des mutations dans les canaux ioniques, pores situés sur la membrane du neurone qui permettent les échanges d’ions et donc la dépolarisation et la repolarisation. En générale, la membrane devient trop perméable empêchant le retour à un potentiel de repos.
Les neurones hyperexcitables forment le foyer épileptique. On distingue les crises d’épilepsie partielles ou focales qui ont pour origine une région cérébrale très délimitée, des crises généralisées conséquences de train de potentiels d’action étendus à l’ensemble du cerveau.
L’hyperexcitabilité et très souvent accompagnée pendant les crises d’une hypersynchronie, plusieurs groupes de neurones générant en même temps et au même rythme des trains de potentiels d’action amplifiant l’intensité des symptômes.
A L’Institut du Cerveau – ICM
L’équipe « Excitabilité cellulaire et dynamiques des réseaux neuronaux » co-dirigée par Stéphane CHARPIER, Vincent NAVARRO & Mario CHAVEZ cherche à comprendre comment le cerveau devient épileptique (épileptogenèse), comment il produit des crises et à identifier les relations entre l’activité électrique anormale d’un seul neurone et les signes cliniques observés chez les patients.
https://institutducerveau-icm.org/fr/actualite/tribune-plein-feux-epilepsies-vincent-navarro/
Le cerveau consomme une grande partie de notre apport énergétique quotidien. Les synapses en particulier, qui relient des neurones les uns aux autres, consomment beaucoup d’énergie. Chaque fois que les neurones communiquent entre eux, beaucoup d’énergie est consommée. Sans surprise, ne pas avoir assez d’énergie pour maintenir la communication neuronale entraîne des effets délétères.
L’objectif de l’équipe de Jaime de Juan-Sanz est de comprendre et d’identifier les mécanismes moléculaires essentiels impliqués dans le maintien de la bioénergétique des synapses en conditions normales et de montrer une relation entre un dysfonctionnement énergétique et la crise d’épilepsie.
