Comment diagnostique-t-on un trouble bipolaire ?

A l’heure actuelle, le diagnostic d’un trouble bipolaire se fait uniquement sur la base des symptômes cliniques. Nous n’avons pas encore trouvé de biomarqueurs d’imagerie ou sanguins par exemple, pour le trouble bipolaire, même si c’est une perspective de recherche pour les années à venir.
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À quel âge débute le trouble bipolaire ?

On citait classiquement un âge de début autour de 30-35 ans, mais il s’agit en fait de l’âge du diagnostic. Or, il y a un très grand retard au diagnostic : il n’est pas rare de voir un délai de 10 ans entre les premiers symptômes et le diagnostic. Les premiers symptômes précèdent donc de beaucoup le diagnostic du trouble, et débutent en général dans la vingtaine. Certaines formes débutent dans l’adolescence avec parfois une expression différente des symptômes. D’autres sont diagnostiquées beaucoup plus tardivement, à 50 ou 60 ans, souvent à l’occasion d’un épisode dépressif résistant.

Identification des phases maniaques ou hypomaniaques

Le cœur du diagnostic repose sur l’identification de phases maniaques ou hypomaniaques. En effet, autant il existe des troubles dit unipolaires comme le trouble dépressif récurrent, au cours duquel on observe une répétition d’épisodes dépressifs sans épisode maniaque. Autant, il n’existe pas de trouble unipolaire avec des phases maniaques, comme c’est le cas pour les troubles bipolaires.

La présence d’un seul épisode maniaque ou hypomaniaque suffit donc pour poser le diagnostic, et pour affirmer un risque de nouvel épisode maniaque ou dépressif.

Attention cependant, si les épisodes maniaques ou hypomaniaques sont au cœur du diagnostic, ce sont souvent les épisodes dépressifs qui sont les plus fréquents et les plus longs chez une personne atteinte d’un trouble bipolaire.

Historiquement, on s’est longtemps concentré sur les épisodes maniaques, plus visibles et plus caractéristiques de la maladie, alors même que le cœur du trouble bipolaire repose sur la dominance de troubles dépressifs, étant particulièrement insupportables pour les patients. Quand le trouble parle de lui-même.

Parfois le diagnostic d’un trouble bipolaire est facilement reconnaissable, et non soumis à la suspicion d’autres troubles d’ordre psychique ou psychiatrique.     .

C’est notamment le cas lorsque le patient est d’emblée pris en charge pour un épisode maniaque ou hypomaniaque.

Certains patients vont également consulter et rapporter des fluctuations saisonnières influant sur leurs comportements et leur équilibre psychique. Il est même prouvé scientifiquement qu’il existe un lien entre les variations d’exposition et l’humeur. Par exemple, un épisode hypomaniaque tous les printemps peut dessiner les contours d’un trouble du spectre bipolaire.

Il est également fréquent que les patients rapportent que les épisodes dépressifs font suite à un épisode hypomaniaque (parfois très court), un peu comme si l’épisode en question avait brûlé toute l’énergie du patient et que l’épisode dépressif arrivait en contrecoup.

Diagnostic du trouble bipolaire : les étapes courantes

Le plus souvent, le patient consulte pour dépression et c’est alors un faisceau d’arguments qui nous oriente vers un trouble bipolaire.

Lorsqu’on suspecte un trouble bipolaire, il est très important de faire appel à l’entourage, famille, amis ou conjoint. En effet, autant les patients se rendent – le plus souvent – facilement compte de leur état lorsqu’ils sont déprimés, autant il y a souvent une anosognosie, c’est à dire une incapacité à prendre conscience des symptômes lors d’un épisode maniaque ou hypomaniaque. De même, les patients déprimés ont souvent de grandes difficultés à se souvenir de leurs épisodes maniaques ou hypomaniaques.

En plus de la recherche d’épisodes maniaques ou hypomaniaques, il est également important de rechercher des antécédents de trouble bipolaire dans la famille.

En effet, il y a une composante génétique dans cette pathologie. Le décès par suicide, pouvant être causé par une réponse trop rapide et incontrôlée, ou par un manque d’efficacité des antidépresseurs lors des épisodes dépressifs, est aussi une piste menant vers la validation du diagnostic.

Lorsque l’on constate un début des troubles apparu très jeune, l’on peut également obtenir certaines réponses… Enfin, les certaines caractéristiques des épisodes maniaco-dépressifs permettent parfois d’orienter, même si souvent sans certitude, vers le diagnostic.

L’étape suivante est celle du diagnostic différentiel confirmant, ou non, la bipolarité. C’est-à-dire, s’assurerpar le biais de ce diagnostic, que les symptômes du patient ne sont pas dus à d’autres facteurs.

Parmi ces autres facteurs pouvant écarter le trouble bipolaire, nous comptons notamment :

  • La prise de stupéfiants comme la cocaïne, s’apparentant aux phases hypomaniaques.
  • Des pathologies neurologiques ou hormonales, comme un dysfonctionnement de la thyroïde pouvant donner des symptômes ressemblants.

A noter qu’il s’agit aussi souvent plus de comorbidités que de véritables alternatives au diagnostic.

Il est par exemple fréquent que le trouble bipolaire soit associé à d’autres troubles psychiatriques comme les troubles anxieux, les troubles attentionnels avec ou sans hyperactivité, ou encore, associé à des troubles addictologiques.

Le trouble bipolaire peut aussi être associé à des troubles non psychiatriques, qui peuvent eux-mêmes aggraver les troubles présents. Nous pensons par exemple au syndrome d’apnée obstructive du sommeil.