Maladie de Parkinson : découverte de 6 nouveaux facteurs de risque génétique.

Recherche Mis en ligne le 29 juillet 2014
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6 facteurs de risque génétique inédits de la maladie de Parkinson ont été découverts grâce au projet d’envergure internationale d’un consortium de chercheurs, auquel a participé l’équipe du Professeur Alexis Brice de l’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière (Institut du Cerveau – ICM). Tout juste publiés dans le journal scientifique prestigieux Nature Genetics (le 27 juillet 2014), les travaux mettent en évidence 24 facteurs de risque génétique impliqués dans la maladie de Parkinson dont 6 n’avaient encore jamais été décrits. Ce grand pas dans l’histoire de la pathologie neurodégénérative de Parkinson est le résultat de la méta-analyse de toutes les “études d’association pangénomique” existantes, réalisées à partir des données de plus de 100 000 individus.
Ce travail complexe de longue haleine débuté depuis 2010, a mobilisé la coopération et la mutualisation des forces de nombreux instituts de recherche publics et privés internationaux. L’Institut du Cerveau – ICM est fière d’avoir participé à ce projet de grande envergure et d’avoir ainsi contribué à de grandes avancées scientifiques qui témoignent de son rayonnement à l’international et de l’excellence de sa recherche.
Avec pour ambition commune de définir le profil génétique de la maladie de Parkinson dans le but de développer de nouvelles thérapies efficaces contre cette pathologie, l’équipe du professeur Alexis Brice de l’Institut du Cerveau – ICM s’est mobilisée au sein d’un consortium de chercheurs d’institutions publiques et privées qui s’est organisé à l’échelle internationale. Débuté en 2010, ce grand projet a notamment reposé sur la coopération de grandes structures comme le NIH (National Institute of Health, États Unis), le Département de la Défense américain, ou encore la fondation Michael J. Fox.
Dans l’objectif de dresser un profil génétique le plus complet possible de la maladie de Parkinson, les chercheurs ont analysé les données de toutes les “études d’association pangénomique” existantes sur cette pathologie. Ces études consistent à analyser, sur l’ensemble du génome et en comparant un très grand nombre d’individus, les variations génétiques communes à une pathologie, pour déterminer lesquelles d’entre elles sont corrélées à la maladie. Cette étude colossale a inclus une cohorte de plus de 100 000 personnes, dont 13 708 individus atteints de la maladie de Parkinson et 95 282 individus contrôle.
Les travaux mutualisés des chercheurs pour la récolte, la combinaison et la méta-analyse (démarche statistique complexe) à grande échelle des données de cette cohorte, ont mis en évidence des différences subtiles au niveau du code génétique des individus. Des analyses plus poussées ont mis en évidence que plus un individu était porteur de ces différentes variations génétiques ou de leur combinaison, plus le risque qu’il développe la maladie de Parkinson était grand.

La comparaison de ces variations génétiques à une puce à ADN spécifique des pathologies neurodégénératives (puce NeuroX) et d’autres analyses complémentaires, ont montré que 24 de ces variations étaient des facteurs de risque potentiels pour le développement de la maladie de Parkinson. Parmi ces 24 facteurs de risque génétique, certains avaient déjà été identifiés par d’autres méthodes – ce qui a d’une part confirmé leur implication dans la maladie et d’autre part validé la pertinence de la méthodologie utilisée – et 6 n’avaient encore jamais été décrits. Cette étude d’ampleur et de coopération internationale a donc mis à jour 6 nouveaux facteurs de risque génétique de la maladie de Parkinson.
Ces résultats représentent une avancée scientifique majeure dans l’identification du profil génétique de la maladie de Parkinson pour la compréhension de son processus d’apparition chez les patients et le développement de nouvelles thérapies bloquantes ou curatives.
La maladie de Parkinson :
Deuxième cause de handicap moteur, la maladie de Parkinson touche 4 millions de personnes dans le monde*. C’est une maladie neurodégénérative qui se manifeste par des mouvements incontrôlés dont le tremblement des mains, des bras et des jambes. Elle se manifeste également par la raideur des membres et du buste, par le ralentissement des mouvements et par des problèmes de posture. Avec le temps, les personnes atteintes de cette pathologie peuvent avoir des difficultés à marcher, à parler, ou à réaliser d’autres tâches simples. Bien que 9 gènes aient déjà été associés à des formes rares de la maladie de Parkinson, les scientifiques continuent à explorer le génome humain dans l’objectif de dresser le profil génétique complet de cette maladie.
L’équipe du professeur Alexis Brice de l’Institut du Cerveau – ICM, étudie les aspects génétiques, moléculaires et physiopathologiques des maladies dégénératives dont la maladie de Parkinson. Sa participation au grand projet de méta-analyse des études d’association pangénomique à grande échelle de la maladie de Parkinson, a pour ambition de découvrir de nouvelles cibles thérapeutiques pour ralentir la neurodégénérescence induite par cette pathologie.
* Sources : OMS, ONU, INSERM, Fédération internationale de la Sclérose en Plaques, European Brain Council
Article scientifique paru dans Nature Genetics, le 27/07/2014 : Large-scale meta-analysis of genome-wide association data identifies six new risk loci for Parkinson’s disease
Mike A Nalls, Nathan Pankratz, Christina M Lill, Chuong B Do, Dena G Hernandez, Mohamad Saad, Anita L DeStefano, Eleanna Kara, Jose Bras, Manu Sharma, Claudia Schulte, Margaux F Keller, Sampath Arepalli, Christopher Letson, Connor Edsall, Hreinn Stefansson, Xinmin Liu, Hannah Pliner, Joseph H Lee, Rong Cheng, International Parkinson’s Disease Genomics Consortium (IPDGC), Parkinson’s Study Group (PSG) Parkinson’s Research: The Organized GENetics Initiative (PROGENI), 23andMe, GenePD, NeuroGenetics Research Consortium (NGRC), Hussman Institute of Human Genomics (HIHG), The Ashkenazi Jewish Dataset Investigator, Cohorts for Health and Aging Research in Genetic Epidemiology (CHARGE), North American Brain Expression Consortium (NABEC), United Kingdom Brain Expression Consortium (UKBEC), Greek Parkinson’s Disease Consortium, Alzheimer Genetic Analysis Group, M Arfan Ikram, John P A Ioannidis, Georgios M Hadjigeorgiou, Joshua C Bis, Maria Martinez, Joel S Perlmutter, Alison Goate, Karen Marder, Brian Fiske, Margaret Sutherland, Georgia Xiromerisiou, Richard H Myers, Lorraine N Clark, Kari Stefansson, John A Hardy, Peter Heutink, Honglei Chen, Nicholas W Wood, Henry Houlden, Haydeh Payami, Alexis Brice, William K Scott, Thomas Gasser, Lars Bertram, Nicholas Eriksson, Tatiana Foroud & Andrew B Singleton
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Crédits photo © JP Parienté pour Institut du Cerveau – ICM