COVID-19 et dépression

Il est maintenant admis et reconnu que la pandémie de COVID-19 que nous subissons depuis plus d’un an a des répercussions sur notre santé mentale.
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Il est maintenant admis et reconnu que la pandémie de COVID-19 que nous subissons depuis plus d’un an a des répercussions sur notre santé mentale.

Mais peut-on pour autant parler d’une augmentation du nombre de dépressifs dans la population générale ou seulement de conséquences sur le « moral » des Français et d’une augmentation de cas de dépression chez certaines sous-populations ?

La dépression se définit par des symptômes caractéristiques comme la tristesse, une perte d’énergie et une auto-dévalorisation dont la durée doit être d’au moins 156 jours et avoir un retentissement sur la vie personnelle, professionnelle et sociale. Pour en savoir plus

Les troubles psychiques liés à la pandémie du Covid 19

Selon les psychiatres, les troubles psychiques COVID-19 s’expriment eux le plus souvent par de l’anxiété, de l’angoisse que de la tristesse. Ces troubles anxieux peuvent avoir plusieurs origines comme la peur d’être contaminé, de contaminer les autres, les restrictions et les contraintes de vie ou encore l’incertitude pour l’avenir.

Ces angoisses sont souvent accompagnées de colères, d’agressivité, de frustrations et peuvent dans certains cas seulement aboutir aux traits caractéristiques de la dépression que sont tristesse, abattement et dévalorisation persistants.

Néanmoins, les conséquences de cette pandémie sur la santé mentale existent, peuvent être de différentes origines et entrainer des effets directs ou indirects variés selon les populations.

Dans la population générale

Dans la population générale, les effets de la pandémie sont des effets indirects.

Nous avons généralement tendance à présenter un biais optimiste, c’est-à-dire à favoriser les informations positives de notre environnement. Or la plasticité de notre cerveau nous permet de revisiter nos croyances positives dans des situations dangereuses afin de nous adapter à de nouvelles conditions de vie. Cette suppression du biais positif a été constatée dans la population générale pendant les deux confinements. Ila été aussi montré sur 572 patients représentatifs de la population générale, que la prise de nourriture et d’alcool avait augmenté dans la population générale en conséquence de l’isolement social imposé dans ces périodes, sans pour autant parler de comportements pathologiques.

Il est également probable que les troubles mentaux comme la dépression augmentent dans les prochains mois dans la population générale en relation avec une potentielle crise économique et des vagues de licenciements. Il a été montré que le licenciement d’une personne multiplié par 3 chez les hommes et par 5 chez les femmes le risque de développer une dépression.

Dans les populations souffrant de troubles psychiatriques avant le début de la pandémie.

Contre toute attente, ces patients n’ont pas présenté d’aggravation de leurs troubles depuis le début de la pandémie et ont été moins fréquemment infectés par la COVID-19 et avec une moindre sévérité. Cette pseudo protection contre le virus peut avoir différentes explications comme le tabac, plus consommé par ces populations, les traitements antidépresseurs qui pourrait avoir un effet préventif antiviral ou encore parce que leur niveau de relations sociales est moins élevé que la population générale du fait de leurs troubles psychiatriques.

Chez les personnes atteintes par la COVID-19

On distingue dans cette population, des effets directs de l’infection, dits neurotropes et des effets indirects liés à la sévérité de la maladie en particulier à un passage en réanimation.

Il est donc possible que des atteintes cérébrales ou l’inflammation due au virus puissent entrainer l’apparition de troubles psychiatriques.

Dans une étude portant sur plus de 200 000 personnes infectées par la COVID-19 il a été montré une augmentation de 17,4 % de cas de troubles anxieux et de 1,4 % de psychoses post-infection. Cette augmentation n’étant pas constatée chez les personnes atteintes d’autres pathologies respiratoires virales comme la grippe par exemple.

 

  • Il a été également constaté des effets indirects chez les personnes hospitalisées en réanimation suite à l’infection au SARS-CoV-2 qui pour près d’un tiers présentent des syndromes dépressifs post-traumatiques.

Pour en savoir plus sur la relation COVID-19 et dépression, retrouvez ici la conférence du Pr FOSSATI, psychiatre, chef du service de psychiatrie adulte de la Pitié-Salpêtrière et chef d’équipe à l’Institut du cerveau.