Vieillir avec la sclérose en plaques

Recherche Mis en ligne le 1 février 2018
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La sclérose en plaques est une maladie chronique qui survient principalement chez l’adulte jeune. Avec l’amélioration des traitements et de la prise en charge, l’espérance de vie des patients est quasiment la même que celle de la population générale. Se pose alors la question de la prise en charge des patients lors du vieillissement. Rencontre avec le Dr Céline Louapre, neurologue spécialiste de la sclérose en plaque et médecin déléguée au Centre d’investigation clinique de l’Institut du Cerveau – ICM.

Pouvez-vous revenir sur les caractéristiques de la sclérose en plaques ?

La sclérose en plaques (SEP) est une maladie inflammatoire auto-immune du système nerveux central (SNC) qui touche près de 100 000 personnes en France. Elle se caractérise par la présence de lésions au niveau de la gaine de myéline qui entoure les axones des neurones et permet la conduction correcte de l’influx nerveux. Ces lésions sont la conséquence d’une activation anormale de certaines cellules immunitaires, les lymphocytes T auto-réactifs, qui vont s’attaquer à la myéline.

Le pic d’apparition de la maladie se situe vers 30 ans, avec une prévalence de 3 femmes pour 1 homme. Mais la maladie peut débuter à tout âge, aussi bien chez le sujet très jeune qu’après 50 ans. Chez les patients âgés, le diagnostic peut être plus difficile et parfois retardé, car d’autres maladies sont plus fréquentes à cet âge.

Vous vous êtes récemment intéressée au cas des sujets âgés, quels sont les challenges posés par le vieillissement ?

Une adaptation de la prise en charge des patients est nécessaire après 60 ans, notamment à cause des comorbidités liées au vieillissement comme l’ostéoporose ou les maladies cardio-vasculaires. De plus, les traitements sont principalement validés dans des populations plus jeunes et rarement chez des patients au-delà de 60 ans.

Bien que la capacité de réparation de la myéline soit moins efficace avec l’âge, la sévérité de la maladie diminue après 60 ans, notamment parce que les mécanismes auto-immuns sont moins actifs, les patients faisant donc moins de poussées, et probablement grâce à d’autres facteurs, hormonaux par exemple comme la ménopause chez les femmes.

Comment sont pris en charge les patients plus âgés ?

Dans la SEP, les traitements prescrits sont immunomodulateurs ou immunosuppresseurs, en fonction de la sévérité de la maladie. Ils vont, comme leur nom l’indique, moduler avec plus ou moins d’intensité, l’activité du système immunitaire du patient.

L’âge du patient est donc à prendre en considération. En effet, le rapport bénéfice-risque des traitements n’est pas le même chez les patients plus âgés. Le traitement agit sur leur système immunitaire, or celui-ci étant plus fragile, ils sont plus à risque de développer des complications, notamment à cause des infections opportunistes de type pulmonaire. Lorsque nous prescrivons un traitement nous devons connaître la tranche d’âge des patients auprès desquels l’essai clinique a été effectué et être vigilant. Le risque évolutif de la maladie doit être supérieur au risque de complications de ces traitements. D’autres paramètres sont à prendre en considération, comme par exemple, le handicap physique.

En pratique, les patients plus âgés n’ont pas forcément besoin de thérapeutique spécifique pour la SEP. Leur traitement a souvent été diminué ou arrêté car leur maladie s’est stabilisée d’elle-même. Dans ce cas-là, la prise en charge des patients concerne leur installation et leur confort au quotidien, la rééducation et l’activité sportive, la prise en charge psychologique et sociale…

Pouvez-vous évoquer quelques travaux en cours dans la prise en charge de cette pathologie et de son évolution ?

Sur le vieillissement en particulier, des études vont être menées très prochainement pour tester l’arrêt des traitements versus leur maintien après un plusieurs années de stabilité.

Une étude vient également de débuter au CIC chez des sujets à un stade plus avancé. La principale complication chez les patients atteints de sclérose en plaques sont les pneumopathies, des infections pulmonaires. Cette étude, conduite chez 70 patients avec un niveau de handicap élevé (en fauteuil roulant ou ayant besoin d’aide pour marcher) a pour objectif de déterminer des critères d’évaluation des capacités respiratoires des patients qui permettrait de mieux évaluer le rapport bénéfice-risque des traitements.

Par ailleurs, des essais cliniques sont en cours ou à venir pour tester l’efficacité de molécules remyélinisantes, c’est-à-dire qui visent à réparer les lésions et non plus uniquement limiter leur apparition.