Journée mondiale 2014 des AVC

Recherche Mis en ligne le 28 octobre 2014
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La Journée mondiale des accidents vasculaires cérébraux (AVC) qui se tient chaque année le 29 octobre est l’occasion pour l’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière – Institut du Cerveau – ICM – de faire le point sur les projets et les avancées de la recherche. Sur plus de 15 millions d’AVC qui surviennent chaque année au niveau mondial, environ 25% d’entre eux sont mortels et plus de 30% laissent des séquelles sévères avec une invalidité permanente qui rend ses victimes dépendantes, impactant directement sa famille et ses proches.

Ces chiffres sont dramatiques et font des AVC un réel problème de santé publique que l’Institut du Cerveau – ICM met au cœur de ses préoccupations. Les chercheurs de l’Institut du Cerveau – ICM tentent de comprendre le processus neurologique de plasticité cérébrale mis en place au niveau du cerveau en réponse à un AVC et travaillent plus particulièrement sur la récupération post-AVC. Cette dernière est possible au travers des thérapeutiques de Stimulation Magnétique Trans-Crânienne
(travaux de Charlotte Rosso au sein de l’équipe de Stéphane Lehéricy et Marie Vidailhet) et de la rééducation des patients par des jeux thérapeutiques – serious games comme “Voracy Fish” (travaux du LabCom Brain e-NOVATION, laboratoire commun entre l’Institut du Cerveau – ICM et le groupe GENIOUS). Ces approches améliorent le quotidien et atténuent les séquelles des patients.

 

 

L’AVC est une pathologie qui survient de façon très brutale et qui est à l’origine de déficits moteurs (mouvement des membres), de pertes de sensibilité ou encore de troubles du langage. Il en existe deux types : dans la majorité des cas (85 %) il s’agit d’un infarctus – une artère qui se bouche dans le cerveau ; et le reste du temps (15 %) il s’agit d’un hématome dû à la rupture d’un vaisseau dans le cerveau. Dans les deux cas une région du cerveau est privée d’irrigation et le tissu meurt (lésion dite focale) perdant alors ses fonctions neurologiques et conduisant aux symptômes observés.

 

En France, le nombre de nouveaux cas par an est actuellement estimé à 130 000, autrement dit un AVC survient toutes les 4 minutes. Même si tous les AVC n’ont pas la même sévérité, ils sont la 1ère cause de handicap moteur acquis de l’adulte, la 2ème cause de démence et la 3ème cause de mortalité. Par manque de prise en charge spécialisée dans les pays moins développés le risque de handicap est 10 fois plus élevé dans les pays les moins développés. La prise en charge des patients en post-AVC et l’amélioration de leur récupération est donc un réel besoin pour les patients et un grand enjeu pour l’Institut du Cerveau – ICM.

 

Les thérapeutiques par Stimulation Magnétique Trans-Crânienne
Charlotte Rosso, neurologue spécialisée dans les AVC, qui travaille à la fois sur le site de la Pitié-Salpêtrière, dans le département consacré à cette pathologie (Pr Yves Samson) et dans l’équipe du Pr Marie Vidailhet et du Dr Stéphane Lehéricy sur le contrôle du mouvement au sein de l’Institut du Cerveau – ICM, nous explique ses travaux de recherche :

 

 

”Après un AVC et l’apparition d’une lésion focale, même si le tissu nerveux sous-jacent meurt, il y a des chances de récupération grâce à la plasticité cérébrale qui se met en place. L’équipe au sein de laquelle je travaille à l’Institut du Cerveau – ICM s’intéresse à cette plasticité cérébrale. Grâce à des techniques de neuroimagerie par résonance magnétique (IRM) en statique (observation des lésions) ou en dynamique (suivi de l’activation des différentes régions du cerveau lors d’un mouvement), nous étudions dans quelle proportion les différents processus de plasticité cérébrale se mettent en place chez chaque patient : il peut y avoir une prise en charge de la fonction perdue par les tissus environnants, une participation à la commande d’un mouvement par les aires secondaires impliquées dans la programmation d’un mouvement ou encore une prise en charge par les aires controlatérales (l’hémisphère sain, non touché par l’AVC) puisque nous avons 2 hémisphères cérébraux. Par exemple lorsqu’un individu victime d’un AVC serre la main (lorsqu’il peut encore le faire) une zone de son cerveau, différente de celle d’un individu sain, va s’activer.

 

Nous souhaitons aider la récupération des patients victimes d’AVC en déterminant quelles zones du cerveau pourraient être rendues plus fortes grâce à des thérapeutiques par Stimulation Magnétique Trans-Crânienne (SMTC), technique médicale actuellement utilisée pour le diagnostic et testée à l’Institut du Cerveau – ICM en terme de traitement. Il s’agit d’une stimulation cérébrale non invasive à l’aide d’une bobine posée en regard du crane de l’individu, qui va essayer de rendre une région plus excitable pour qu’elle supporte une fonction.

 

Ces nouvelles techniques innovantes portent de grands espoirs pour les années à venir. Nous souhaitons que les traitements soient adaptés à chaque patient dans son individualité et dans la spécificité de l’AVC dont il a été victime, en ciblant une région plutôt qu’une autre grâce à la SMTC.”

 

Stimulation Magnétique Transcranienne

Stimulation Magnétique Trans-Crânienne (SMTC) © Charlotte Rosso


Rééducation des patients post-AVC par les jeux thérapeutiques – “Voracy Fish”

Marie-Laure Welter, neurologue praticien hospitalier, coordinatrice du LabCom Brain e-NOVATION à l’Institut du Cerveau – ICM, responsable de l’activité de stimulation cérébrale profonde au sein du Département de Neurologie et co-responsable de la plateforme “Marche/Équilibre/Posture/Mouvement/TMS et neuronavigation chez l’homme” à l’Institut du Cerveau – ICM, nous en parle:

 

 

“Avec pour volonté la mise en place d’un partenariat entre l’Institut du Cerveau – ICM et le groupe GENIOUS, entreprise qui fabrique des jeux vidéo, le laboratoire commun Brain e-NOVATION a pour objectif de créer des “serious games” – jeux thérapeutique – visant à rééduquer et à réhabiliter les patients qui souffrent de maladies neurologiques ou psychiatriques. Le jeu thérapeutique “Voracy Fish” a été créé à l’attention des patients victimes d’AVC, pour leur permettre de rééduquer leurs membres supérieurs.

 

Ces jeux vidéo thérapeutiques ont pour principe de pouvoir être pratiqués à domicile ou en milieu institutionnel (chez un praticien ou à l’hôpital). Le patient peut jouer seul, avec un membre de sa famille, ou encore en réseau avec d’autres patients. La pratique de ce jeu à distance est monitorée grâce à une plateforme technologique qui permet de recueillir différents paramètres du comportement moteur du patient et leur analyse par des thérapeutes et ainsi de proposer un ajustement du jeu vidéo en fonction de chaque patient et de sa progression.

 

L’idée du “jeu vidéo thérapeutique” a pour objectif à la fois de surmonter les difficultés rencontrées par les patients dans les rééducations plus conventionnelles et de remédier à leur démotivation possible face au côté répétitif et à la difficulté d’accéder au thérapeute en ville. L’intérêt de ce type de traitement innovant qui se veut ludique, est de pouvoir allier les différentes composantes du comportement humain : la motricité avec les mouvements du corps, la cognition avec les enjeux et les objectifs de réussite des différents niveaux du jeu, tout en alliant l’aspect motivationnel et émotionnel avec le côté ludique du dispositif.

 

L’idée de Brain e-NOVATION est d’inscrire ces jeux – qui se veulent complémentaires de la rééducation auprès des praticiens (thérapeutes ou kinésithérapeutes) – dans des essais cliniques afin d’évaluer et de montrer l’efficacité et l’intérêt de ce type de traitement et d’outil, que ce soit pour l’AVC avec Voracy Fish ou pour d’autres types de pathologies. “

 

"serious game" voracy fish

“Serious Game” Voracy Fish du LabCom Brain e-NOVATION – partenariat entre l’Institut du Cerveau – ICM et le groupe GENIOUS – Jeu thérapeutique de rééducation fonctionnelle des membres supérieurs en post-AVC © BRAIN e-NOVATION


Ces avancées sur l’AVC s’inscrivent entièrement dans la volonté de l’Institut du Cerveau – ICM de s’investir dans des recherches interdisciplinaires et translationnelles en travaillant au plus près des malades pour leur apporter des solutions adaptées dans le domaine des pathologies neurologiques.

 

Crédit photo Accident vasculaire cérébral ischémique © Inserm/Ribeiro, Maria-Joao