Journée Mondiale de la Sclérose en plaques : l’ICM, porteur d’innovations

Recherche Mis en ligne le 25 mai 2016
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A l’occasion de la journée mondiale de la sclérose en plaques (SEP) ce mercredi 25 mai 2016, retrouvez notre dossier pour faire le point sur les recherches actuellement menées par nos équipes.

La sclérose en plaques en quelques mots

La myéline entoure les prolongements des neurones, appelés les axones, et joue un rôle clef dans la rapidité de la transmission de l’influx nerveux et dans la protection des axones. Dans la sclérose en plaques (SEP), un dysfonctionnement du système immunitaire, qui se dérègle et attaque les propres éléments de l’individu, entraine une destruction de la gaine de myéline. Cette démyélinisation, qui survient dans le cerveau mais aussi dans la moelle épinière, est la cause, en fonction de sa localisation, de troubles moteurs, sensitifs, de l’équilibre, visuels…

Comment empêcher la destruction de la myéline ? Comment réparer les lésions ? Quels sont les facteurs qui interviennent dans la réparation ? Comment suivre l’évolution de la maladie et prédire la progression des lésions ? Comment la ralentir, voire la stopper ?

Les chercheurs de l’Institut du Cerveau – ICM ne cessent de travailler sur ces différentes problématiques pour traiter les patients atteints de la SEP et améliorer leurs conditions de vie.

SEP : nos dernières actualités scientifiques

Le Dr Benedetta Bodini récompensée pour ses recherches sur la SEP

Benedetta Bodini, chercheuse Inserm à l’Institut du Cerveau – ICM, a reçu le Prix Marie-Ange Bouvet-Labruyère par la fondation de France, pour la mise au point d’une nouvelle technique d’imagerie utilisée dans l’étude du développement de la sclérose en plaques.

Des gènes qui modulent le risque de SEP

L’équipe de Bertrand Fontaine a participé, au sein d’un consortium international, à différentes études menées sur plus de 17 000 patients qui ont permis d’identifier des facteurs de risques génétiques impliqués dans la SEP et plusieurs gènes protecteurs. Les gènes touchés interviennent dans la reconnaissance d’éléments étrangers par l’organisme. La mise en évidence de mutations ou d’associations de mutations qui modulent le risque génétique permet de mieux comprendre le déclenchement de la maladie et d’envisager des solutions thérapeutiques. Une étude clinique chez des patients atteints de SEP et ciblés en fonction de leur terrain génétique est actuellement en cours au Centre d’Evaluation Thérapeutique.

Les mécanismes de la transmission de l’influx nerveux

L’équipe de Catherine Lubetzki et Bruno Stankoff a mis en évidence les mécanismes initiaux de la formation des nœuds de Ranvier, structures situés entre chaque segment de myéline, et qui sont indispensables à la conduction de la transmission rapide de l’influx nerveux. Ce travail très innovant a mis en évidence l’existence de facteurs solubles qui « agrègent » les protéines constitutives des nœuds de Ranvier, et accélèrent la conduction de l’influx nerveux. Ces molécules pourraient ainsi jouer un rôle clef dans le rétablissement de la conduction nerveuse après une démyélinisation

Des outils de criblage de molécules réparatrices

Dans le cadre du consortium NeurATRIS, Brahim Nait Oumesmar a mis au point un test in vitro de criblage à haut-débit de molécules favorisant la différentiation de cellules précurseurs d’oligodendrocyte en oligodendrocytes matures, dont le rôle est de réparer la myéline. Les molécules candidates ainsi identifiées sont testées in vivo dans un modèle original mis au point par Bernard Zalc. Ce dernier a généré un Xénope transgénique, le Xénope est un amphibien dont la myéline est très proche de celle de l’homme, chez lequel il est possible d’induire une démyélinisation. Du fait de la transparence des têtards de Xénope il est possible de suivre de visu la remyélinisation et de tester ainsi le pouvoir réparateur de molécules candidates.

Réparer les lésions de la myéline grâce aux cellules de la peau

Transformer des cellules de la peau en cellules nerveuses pour réparer les dommages causés par la sclérose en plaques et certaines leucodystrophies, c’est le défi relevé par l’équipe de Brahim Nait Oumesmar et Anne Baron Van Evercooren. Ces résultats extrêmement encourageants permettraient d’envisager une thérapie cellulaire à partir des propres cellules de patients atteints de la maladie. Cette équipe a également mis en évidence que les cellules souches neurales humaines ont un effet thérapeutique double: anti-inflammatoire et pro-myélinisant

Un facteur qui répare la myéline

L’équipe de Brahim Nait Oumesmar et Anne Baron–Van Evercooren a mis en évidence le rôle bénéfique d’une molécule, appelée Olig2 dans la réparation de la myéline. Sa surexpression stimule la régénération des oligodendrocytes, cellules responsables de la fabrication de la myéline. Cette découverte pourrait avoir des répercussions pour le développement de stratégies thérapeutiques visant à stimuler la réparation des dommages causés par la SEP.

Des cellules progénitrices à la rescousse ?

Le Système Nerveux Central contient une large population de cellules précurseurs d’oligodendrocytes ou OPCs. Ces cellules sont responsables de la production de nouveaux oligodendrocytes dont le rôle est de fabriquer et réparer la gaine de myéline. L’équipe de Catherine Lubetzki et Bruno Stankoff a montré, dans un modèle expérimental, que lors de la démyélinisation, les cellules précurseurs d’oligodendrocytes s’activent et expriment des facteurs inflammatoires (Ccl2 et IL1b) qui favorisent leur migration et leur différenciation en oligodendrocytes dans la zone démyélinisée. L’identification des mécanismes qui gouvernent la remyélinisation est le premier pas vers le développement de thérapies pour les patients atteints de SEP.

Mesurer l’évolution de la sclérose en plaques grâce à une technique de pointe

Grâce à un programme innovant d’imagerie multimodale en tomographie par émission de positons (PET-SCAN), l’équipe de Bruno Stankoff et Catherine Lubetzki a pu visualiser la démyélinisation et la remyélinisation des neurones. Cette méthode pourrait permettre d’identifier les patients en fonction de leur capacité à renouveler la myéline détruite, et ainsi guider la prise en charge thérapeutique. En utilisant un autre traceur (flumazenil) en PET-SCAN, les chercheurs ont réussi à quantifier la dégénérescence neuronale et à la localiser chez les patients atteints de SEP.

La recherche clinique, passerelle entre recherche et soins

La rechercher clinique permet de gagner un temps précieux face à la maladie et d’offrir plus vite des traitements innovants aux patients. Elle permet un transfert de connaissances entre les technologies innovantes découvertes par les chercheurs et la pratique clinique réalisée auprès des patients.

Identifier des biomarqueurs de la maladie

Bruno Stankoff est le coordinateur d’une étude visant à découvrir des biomarqueurs différentiels de l’inflammation, de la destruction de la myéline et de la neurodégénérescence grâce à des techniques d’imagerie de pointe.

Ralentir la progression et favoriser la remyélinisation

Plusieurs essais cliniques coordonnés par Catherine Lubetzki sont en cours qui visent à tester des médicaments contre la progression de la maladie.

Un traitement contre les formes primaires progressives

Le protocole Oratorio coordonné par Caroline Papeix a testé l’efficacité de l’Ocrelizumab contre un placebo chez des patients atteints de formes primaires progressives de SEP, les résultats extrêmement encourageants de cette étude montrent une réduction de 24% du risque d’aggravation du handicap.

Ouvrages : pour en savoir plus sur la SEP

Pour en savoir plus sur la myéline et ses pathologies nous vous recommandons la lecture de deux ouvrages parus très récemment (Editions Odile Jacob) : « La Myéline, le turbo du cerveau » par Bernard Zalc et Florence Rosier, et « les nouveaux traitements de la sclérose en plaques », par Caroline Papeix.