journée internationale des femmes et des filles de science

Mis en ligne le 11 février 2021
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A l’occasion de la journée internationale des femmes et des filles de science, l’Institut du Cerveau souhaite réaffirmer son soutien à toutes celles qui quotidiennement œuvrent pour qu’un jour nous puissions toutes et tous combattre efficacement les maladies neurologiques et psychiatriques au sein de notre Institut et partout dans le monde.

Selon les statistiques de l’Unesco : moins de 30% des chercheurs dans le monde sont des femmes. Sur 583 prix Nobel décernés depuis 1901, seuls 18 ont récompensés des travaux de recherche menés par des femmes, soit 3%.

La minimisation de la contribution des femmes scientifiques à la recherche n’est pas un phénomène nouveau. Margaret ROSSITER , professeur d’histoire des sciences américaine l’a appelé « effet Matilda » en 1968 pour désigner le manque de reconnaissance systématique des contributions des femmes en sciences, qui sont généralement attribuées à leurs collègues masculins. Matilda Joslyn GAGE (1826-1898) est une féministe, écrivaine américaine qui dénonçait le fait que les hommes s’attribuaient les pensées intellectuelles des femmes.

Si on vous dit Marie CURIE, pionnière de la recherche sur la radioactivité, vous savez qu’elle a été récompensée d’un prix Nobel en 1903 pour les travaux menés avec son mari, mais savez-vous qu’en 1911, elle obtient un second Prix Nobel, cette fois-ci en chimie et seule, pour ses travaux sur le polonium et le radium.

Connaissez-vous Barbara MCCLINTOCK qui a remporté le prix Nobel en 1983 pour sa découverte de la transposition génétique, ou la capacité des gènes à changer de position sur le chromosome.

Ou encore Gertrude ELION, biochimiste et pharmacologue, nobélisée en 1988 grâce à la découverte de médicaments pour traiter la leucémie et prévenir le rejet en cas de greffe rénale.

Dans le domaine plus spécifique des neurosciences saviez-vous que Rita LEVI-MONTALCINI,  neurologue italienne, a reçu le prix Nobel de physiologie en 1986 pour sa découverte des facteurs de croissance des cellules nerveuses.

Mais il existe aussi les chercheuses « oubliées » dont les découvertes ont permis à d’autres d’être nobélisées.

Marthe GAUTIER qui a découvert le chromosome 21 surnuméraire de la trisomie 21, découverte pour laquelle Jérôme LEJEUNE a été récompensé en 1958.

Son histoire n’est pas sans rappeler celle d’ Augusta DEJERINE-KLUMPKE, neurologue française, première femme reçue au concours de l’Internat des hôpitaux de Paris en 1886 et dont les travaux sur l’Anatomie du système nerveux et la Sémiologie des affections du système nerveux seront en très grande partie attribués à son mari Jules DEJERINE, neurologue lui aussi . Ou encore Marcelle LAPICQUE, neurophysiologiste française, connue pour ses recherches sur les impulsions nerveuses, en particulier la chronaxie, ainsi que sur les effets des poisons, notamment la strychnine. Bien qu’éclipsée par son mari Louis Lapicque, dans l’histoire des sciences, ce dernier a insisté sur l’importance du rôle de sa femme dans toutes ses recherches.

Et bien d’autres, comme Denise ALBE-FESSARD, neurophysiologiste française connue notamment pour ses recherches fondamentales sur les voies de la douleur dans le système nerveux central, qualifiée de  « scientifique et de femme remarquables… J’ai été particulièrement impressionné par la force de sa personnalité et par le mélange de charme et de détermination qui lui ont permis de s’élever au sommet de sa profession, alors même que la science était jusqu’à très récemment un monde masculin » par Fernando CERVERO, éminent anesthésiste contemporain.

Cette liste pourrait être longue car bien d’autres femmes ont contribué et contribuent encore chaque jour à des découvertes essentielles à notre santé, notre environnement et notre vie sans pour autant être connues ou reconnues.

En relation avec l’actualité, Katalin KARIKO, biochimiste d’origine hongroise a consacré sa vie à la recherche sur l’ARN messager, sa découverte étant à l’origine des premiers vaccins en circulation aujourd’hui pour lutter contre la Covid-19, ce qui lui vaut actuellement les qualificatifs de « sauveuse de l’humanité » et de « futur prix Nobel ».

La Journée internationale des femmes et des filles de science a pour ambition de promouvoir l’accès et la participation pleine et équitable des femmes et des filles à la science, mais aussi et surtout d’ériger des modèles pour inspirer les générations de filles et femmes à venir.

Les neurosciences ont démontré depuis plusieurs années, contrairement aux préjugés, que le cerveau humain n’a pas de sexe. 90% de ses connections se construisent progressivement durant le développement sur base des influences sociales, de la famille, des structures de la société, de la culture, … C’est donc la société elle-même qui perpétue entre autres ces biais de genre.

Afin que les femmes ne restent plus en retrait dans les domaines scientifiques en dépit de leur brillants résultats, l’Institut du Cerveau comme de nombreux autres instituts à l’échelle mondiale, agit notamment en proposant des formations de « confiance en soi » à ses chercheuses, en promouvant leurs travaux et en veillant à l’égalité des chances concernant les recrutements ou les promotions grâce au Comité pour l’équité entre femmes et hommes « Comité XX Initiative », partie intégrante du système de gouvernance de l’institut.

« Une première approche du Comité pour l’équité entre femmes et hommes de l’Institut, (Publication dans la revue Nature Human Behavior en octobre 2019) consiste à mettre en évidence l’impact des biais cognitifs, indépendants de notre volonté mais très enracinés dans notre mentalité et qui constituent une influence puissante sur presque tous nos choix. La communauté neuroscientifique est à la pointe, non seulement de la sensibilisation à de tels biais inconscients, mais elle dispose également des outils nécessaires pour comprendre leurs origines cognitives et briser les stéréotypes de la société. L’Institut du Cerveau soutient la démarche innovante de sensibilisation aux biais cognitifs proposée par le Comité pour l’équité entre femmes et hommes, et intègre dans son plan de formation à 3 ans, l’accompagnement de l’ensemble de ses chefs d’équipes, responsables de plateformes et directeurs dans une démarche de changement culturel visant à favoriser l’équilibre des chances dans la vie professionnelle. Ces formations ont pour ambition de faire connaître et reconnaître les préjugés inconscients liés au genre que nous perpétuons et transmettons et de développer des « coups de pouce » permettant, via des astuces, d’inciter à l’équité femmes/homme plutôt que de contraindre. »

Récemment, l’Institut du Cerveau a signé la Déclaration ALBA sur l’équité et l’inclusivité.

 « Il est très important pour l’Institut du Cerveau de s’engager avec le réseau ALBA pour plus de diversité, d’inclusion et d’équité dans la science. Au cours des dernières années, avec notre comité « gender equity », nous avons renforcé notre engagement sur ces questions et espérons aller encore plus loin en rejoignant ce réseau ».

Pr Alexis Brice, directeur général de l’Institut du Cerveau.

 

A l’Institut du Cerveau aujourd’hui :

Sur 25 équipes, 13 femmes cheffe d’équipe, 10 en co-direction avec des hommes et 3 en direction totale

67% des post-doctorantes sont des femmes

55% des doctorantes sont des femmes

61% des ingénieures et techniciennes sont des femmes