Identification d’un mécanisme à l’origine de nombreux cancers

Recherche Mis en ligne le 19 janvier 2018
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Les résultats d’une étude internationale menée en collaboration avec Marc Sanson et Karima Mokhtari à l’Institut du Cerveau – ICM, montrent que le gène de fusion FGFR3-TACC3, présent dans 3% des gliomes et dans un grand nombre de cancers humains, conduit à une activation inédite des mitochondries. Cette découverte ouvre de nouvelles voies thérapeutiques. Ces résultats sont publiés dans la revue Nature.

Les gènes de fusion, issus de la fusion de deux gènes précédemment distincts suite à une mutation, peuvent avoir un impact très important sur le fonctionnement des cellules. L’un d’eux, FGFR3-TACC3, est impliqué dans le développement de nombreux cancers.

Une étude internationale, à laquelle ont participé Marc Sanson et Karima Mokhtari de l’Institut du Cerveau – ICM, vient de mettre en évidence que la présence de ce gène de fusion dans les cellules entraine une augmentation du nombre et de l’activité des mitochondries, les centrales énergétiques des cellules. Cette production excessive d’énergie participerait à la prolifération des cellules cancéreuses, qui nécessite des quantités considérables d’énergie.

Les chercheurs ont ainsi pu reconstruire toute la cascade des événements qui, à partir de la présence du gène de fusion dans les cellules conduisent à cette modification de l’activité des mitochondries. Ils apportent ainsi les premiers éléments sur les mécanismes employés par les gènes tumoraux pour activer la production d’énergie par les mitochondries.

Forts de ces premiers résultats, ils ont également montré que le traitement des cellules tumorales porteuses du gène de fusion FGFR3-TACC3 à l’aide d’inhibiteurs des mitochondries, interrompant donc leur suractivation, permettait de réduire significativement la croissance des tumeurs. Des résultats également observés dans un modèle murin de tumeurs cérébrales humaines porteuses de ce gène de fusion.

Des essais cliniques portant sur des molécules ciblant précisément le gène de fusion sont actuellement menés à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière et coordonnés par le Pr. Marc Sanson. Mais de nouvelles voies thérapeutiques sont également envisagées, notamment en inhibant la suractivation des mitochondries avec le repositionnement de molécules déjà existantes comme la metformine, un antidiabétique couramment utilisé.

Référence : Frattini et al. A metabolic function of FGFR3-TACC3 gene fusions in cancer. Nature, 2018.