C’est avec une profonde tristesse que nous vous informons de la disparition de notre collègue et ami, le Pr Charles Duyckaerts qui nous a quittés dans la soirée du samedi 6 août, après plusieurs années de lutte contre la maladie.
Chef du service de neuropathologie pendant de nombreuses années, codirecteur puis membre actif de l’équipe « Maladie d’Alzheimer, maladies à prions » au sein de l’Institut du Cerveau, Charles a été une figure lumineuse de l’Institut et du DMU Neurosciences.
Spécialiste de l’approche neuropathologique des maladies neurodégénératives, en particulier de la maladie d’Alzheimer, il a réalisé de nombreux travaux de portée internationale et fut lauréat en 2006 de la prestigieuse « Henry Wisniewski award for lifetime achievement in Alzheimer research ». Dans la maladie d’Alzheimer, il a montré l’hétérogénéité de la perte neuronale selon les régions cérébrales, mettant en évidence la propagation des agrégats neurotoxiques, du néocortex et de l’hippocampe, vers d’autres aires cérébrales selon des voies de connections neuro-anatomiques. Charles a contribué de façon considérable à la démonstration d’une dissémination prion-like, par « contamination », des agrégats protéiques dans la maladie d’Alzheimer. Il a aussi renforcé l’hypothèse d’une transmission humaine iatrogénique de cette maladie après greffe de dure-mère.
Son expertise a joué un rôle majeur dans l’établissement des critères diagnostiques de la maladie d’Alzheimer, notamment dans les stades pré-cliniques. Et c’est avec passion, rigueur et énergie, qu’il a également rassemblé chercheurs et associations de patients afin de créer la banque de tissu cérébral « Neuro-CEB », qui collecte les tissus provenant de patients avec une maladie d’Alzheimer et bien d’autres pathologies neurodégénératives.
Un savoir encyclopédique, un esprit de synthèse puissant, un goût prononcé pour le développement de nouvelles méthodes d’observation, une ouverture d’esprit exceptionnelle… et une immense modestie caractérisent Charles Duyckaerts. La limpidité de ses cours et conférences, toujours accompagnés de schémas remarquablement didactiques, reste en mémoire de ceux qui ont eu la chance de l’écouter.
« Passionné par son métier, il arrivait au laboratoire à l’aube et n’en partait le plus souvent que le dernier. Il aimait ce travail de fond et fuyait les occasions de se mettre en avant trop ostensiblement, tout comme les discussions lorsqu’il les jugeait stériles. […] Les patients, les chercheurs, voilà ceux envers qui son temps n’était jamais compté. » dit Danielle Seilhean.
Pour son équipe, il était un scientifique et un médecin passionné ;
« sa rigueur intellectuelle et sa curiosité lui ont permis d’élargir les frontières de la neuropathologie, par l’exploration des nouvelles microscopies, le recours aux techniques analytiques les plus avancées, la modélisation et les outils de morphologie mathématique. On ressortait toujours transformé par les discussions scientifiques animées ou les séances d’analyses de lames qu’il menait. Son sens pédagogique hors du commun était très apprécié et il ne comptait pas le temps qu’il consacrait aux autres. Il reste un modèle d’humanité dans le monde scientifique et médical. À l’heure où il nous quitte nous mesurons tout ce qu’il nous a transmis et qui nous reste à jamais. »
Au sein de l’Institut du Cerveau, Charles était un collègue apprécié de tous, toujours à l’écoute, toujours prêt à apporter son aide et son éclairage. Ces dernières années, malgré la fatigue liée à la maladie, il a continué à partager son savoir et à suivre les avancées de la recherche avec le même enthousiasme.
L’ensemble du personnel de l’Institut toute son affection à son épouse Patricia Gaspar et à ses enfants ainsi qu’à l’ensemble de ses proches, amis et collègues.
