ATTENTION ET ONDES LENTES DU SOMMEIL

Recherche Mis en ligne le 29 juin 2021
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L’attention nous permet d’allouer nos ressources cognitives aux signaux provenant du monde extérieur. Nous sommes en effet bombardé d’informations en permanence et c’est grâce à notre attention que nous pouvons nous concentrer sur les signaux les plus pertinents.

Toutefois, si notre attention est une loupe extrêmement flexible, elle est limitée dans sa stabilité et nous échouons souvent à maintenir notre attention sur une activité précise. Se concentrer est d’autant plus difficile lorsque l’activité en question suscite peu d’intérêt. Des études récentes indiquent que nous passerions la moitié de notre temps éveillé à penser à autre chose que la tâche en cours. C’est ce qu’on appelle le « vagabondage de l’esprit ». Parfois, les pertes d’attention peuvent conduire à un « vide mental » et une suspension partielle du flux de pensées conscientes.

Ces pertes d’attention peuvent avoir des conséquences dramatiques immédiates (accidents du travail ou de la route) ainsi que sur le long-terme (perte de productivité, diminution des performances académiques, etc). Ces pertes d’attention sont d’autant plus fréquentes lors nous sommes fatigués, suggérant un lien entre pertes d’attention et sommeil.

Thomas ANDRILLON, chercheur INSERM dans l’équipe co-dirigée par les Prs Marie VIDAILHET et Stéphane LEHERICY « Mov’it : mouvement, investigations, thérapeutique. Mouvement normal et anormal : physiopathologie et thérapeutique expérimentale » vient de publier un article dans la prestigieuse revue scientifique Nature Communications montrant que l’apparition d’ondes lentes similaires à celles observées en phase de sommeil permettait de prédire les pertes d’attention.

Pour comprendre les mécanismes neuronaux qui sous-tendent les pertes d’attention, l’équipe a étudié le comportement, le ressenti et l’activité neuronale de participants sains (contrôles) effectuant une tâche précise.

Le protocole de l’étude comprenait des « pauses » dans l’activité ou il était demandé aux participants de décrire l’orientation de leur attention comme étant centrés sur la tâche, vagabondant ou absente.

D’autre part un enregistrement des signaux électriques du cerveau des participants par l’électroencéphalographie à haute densité, a montré que lors des pertes d’attention des participants il était possible d’enregistrer une activité neuronale caractéristique de la transition entre l’état de veille et le sommeil. Ces ondes lentes, proches de celle du sommeil, sont présentes dans les différents cas de pertes d’attention : « vagabondage » comme « vides mentaux ». En revanche, la distribution spatiale de ces ondes lentes, soit les régions cérébrales affectées, distinguent entre les différentes types de pertes d’attention.

Ces résultats suggèrent que les interruptions de l’attention ont une origine physiologique commune liée à l’émergence d’une activité locale semblable au sommeil dans un cerveau éveillé mais fatigué, et ouvrent des pistes pour l’étude des troubles de l’attention pathologiques.

Source : https://www.nature.com/articles/s41467-021-23890-7